Pour le projet Immigr’Action, nous étions à la recherche d’entreprises inspirantes et de réussites à partager quant à l’inclusion de personnes immigrantes en entreprise.
Un matin, comme par magie, une infolettre d’Ubisoft a atterri dans notre boîte courriel. Elle donnait des conseils aux candidats souhaitant rejoindre l’entreprise et abordait aussi la question de la mobilité internationale et de l’embauche de talents issus de l’immigration. Intrigués par cette approche proactive, nous avons contacté Ubisoft Québec pour en savoir plus sur leurs techniques de recrutement.
C’est ainsi que nous avons eu le plaisir d’échanger avec Mélanie Boulanger, spécialiste en mobilité internationale et Antoine Leduc-Labelle, chef – relations publiques, qui nous ont partagé la vision, la culture et l’engagement de l’entreprise envers l’embauche de talents internationaux. Plongez dans l’univers d’Ubisoft et découvrez comment, grâce à une approche à la fois rigoureuse et bienveillante, l’entreprise facilite l’inclusion des employés venus d’ailleurs, tout en maximisant leur contribution à l’industrie du jeu vidéo.
Un mot sur Ubisoft
Ubisoft Québec est un acteur majeur de l’industrie du jeu vidéo et contribue au positionnement du Québec comme l’un des trois pôles mondiaux de production de jeux vidéo. Fondé en 2005, le studio a su se tailler une place de choix dans l’écosystème en développant et en dirigeant des franchises à succès. Avec des studios à Montréal, Saguenay, Québec et Sherbrooke, Ubisoft joue un rôle clé dans l’attraction des talents internationaux et l’innovation technologique.
Le studio de Québec compte à son bord près de 20 % d’employés issus de l’immigration. Avec une stratégie bien rodée et une volonté sincère d’inclure ces employés dans un projet de vie à long terme, l’entreprise montre qu’investir dans la main-d’œuvre internationale, c’est miser sur l’avenir.
Une approche du recrutement équitable,
mais adaptée
D’abord, une évaluation rigoureuse
« Quand on regarde la candidature d’un travailleur issu de l’étranger, nous avons les mêmes exigences qu’avec quelqu’un né au Québec » explique Mélanie Boulanger, spécialiste en mobilité internationale chez Ubisoft Québec.
Au niveau de l’évaluation des compétences, que les candidats soient du Québec ou d’ailleurs, ceux-ci passent par un processus de sélection identique. L’entreprise évalue les projets auxquels les candidats ont participé, leurs études, le tout combiné à des tests techniques si nécessaire. « Par exemple, pour un programmeur, ce qui est attendu c’est qu’il ait des études supérieures. Si c’est un artiste, on regarde également le portfolio de ses créations. », bonifie Antoine.
Contrairement à certaines entreprises qui peuvent rencontrer des défis dans la reconnaissance des diplômes étrangers, Ubisoft a mis sur pied une équipe interne de mobilité internationale, ce qui leur facilite le travail à plusieurs niveaux. « Nous recrutons souvent par chasse de tête ou par référence, autant au Québec qu’à l’international », explique Mélanie.
« On connaît les parallèles. Nous traitons nous-mêmes les dossiers d’immigration et avons une connaissance approfondie des équivalences de diplômes. Il existe des chartes que nous pouvons consulter et nous évaluons nous-mêmes les qualifications des candidats. S’ils ont besoin d’une reconnaissance officielle pour leur parcours d’immigration, ils devront l’obtenir à un certain moment », précise Mélanie.
Puis, un processus adapté sur mesure
Lorsqu’on parle de recrutement international, Ubisoft Québec met un point d’honneur à préparer les futurs employés à leur nouvelle réalité et à prévenir les enjeux potentiels, bien avant leur arrivée. « On évalue dès le départ la possibilité pour la personne de rester sur le long terme. Nous sommes très transparents avec nos candidats. On leur parle du coût de la vie, du coût des logements et du fait que la ville de Québec est presque 100 % francophone. On fait beaucoup de sensibilisation auprès des candidats pour qu’ils sachent vraiment dans quoi ils s’embarquent, pour pas qu’il y ait de déception à leur arrivée », précise Mélanie.
Avant l’embauche de la nouvelle recrue, l’entreprise va encore plus loin en organisant des appels entre les futurs employés et d’autres employés qui ont vécu le même parcours. « Ce parrainage se fait sur une base volontaire pour que la personne ait un premier contact avec quelqu’un qui a vécu la même expérience, peut-être l’année d’avant ou il y a deux ans pour que ça reste frais », ajoute-t-elle.
L’objectif d’adapter le processus à ce stade est d’éviter de mauvaises surprises aux futurs employés et de favoriser leur inclusion, en amont : « On veut que le studio soit un fit pour les candidats. On veut aussi qu’ils connaissent l’environnement dans lequel ils viennent habiter. Donc, on essaie vraiment d’en donner au maximum. », explique Mélanie.
Une fois sur place : un support constant et varié
Ubisoft propose aussi diverses activités et formations pour faciliter l’adaptation des talents. Des cours de français en entreprise, un club social, des groupes ressources employés et plusieurs activités sont organisées. « Aussi, ce qui est beau, c’est que les employés se créent souvent des groupes et des canaux de communication. Il y a tout un partage de connaissances qui se fait. Et ce sont les employés eux-mêmes qui ont initié ces groupes là », observe Mélanie.
Au niveau de la hiérarchie, les gestionnaires jouent aussi un rôle clé dans l’intégration des travailleurs issus de l’immigration. Sensibilisés aux défis d’adaptation, ils prennent le temps d’organiser des rencontres individuelles dans les premières semaines afin d’expliquer le fonctionnement de l’entreprise et de rassurer les nouveaux employés. « Il est essentiel de clarifier notre style de gestion dès le départ. Même entre la France et le Québec, il existe des différences notables dans l’organisation du travail et la hiérarchie. Nous voulons que nos employés se sentent à l’aise de poser des questions et qu’ils comprennent nos méthodes de travail », souligne Mélanie.
Au-delà du travail : l’importance de l’épanouissement personnel
Embaucher des employés qui réussissent leurs projets de vie personnels et professionnels, c’est une grande fierté pour Ubisoft. Mélanie mentionne notamment l’histoire d’un employé spécifique : « Un travailleur étranger arrivé au Québec il y a six ans est aujourd’hui à la tête de notre plus grosse franchise du moment. C’est un accomplissement incroyable et il apporte une valeur inestimable à Ubisoft », souligne-t-elle.
Ubisoft Québec compte aussi une forte communauté brésilienne, avec plus de 25 employés originaires du Brésil. Beaucoup sont venus avec leur famille et ont trouvé à Québec un cadre de vie sécuritaire et accueillant. « Pour certains, c’est un projet de vie qui dépasse le cadre professionnel. Voir nos employés s’établir sur le long terme, obtenir leur résidence permanente et, pour plusieurs, bientôt leur citoyenneté, ça me rend hyper fière », ajoute Mélanie.
La diversité : une force pour une entreprise innovante
Au fil des années, Ubisoft a su bâtir un milieu de travail multiculturel où la diversité des parcours et des expériences est perçue comme un atout. « Le jeu vidéo, c’est un milieu de création. Plus on a de façons de penser qui sont différentes, plus qu’on a de têtes, de vécu et d’expériences différentes, plus on crée et mieux on crée », affirme Antoine.
Loin d’être un obstacle, la diversité est donc une force et Ubisoft l’a compris et continue d’en faire un pilier de son succès. Cette ouverture permet non seulement d’attirer les meilleurs talents internationaux, mais aussi d’offrir à ceux qui choisissent de s’installer à Québec un avenir prometteur, tant sur le plan professionnel que personnel.
Réfléchissez-y!
Avec une stratégie bien rodée et une volonté sincère d’inclure ses employés dans un projet de vie à long terme, Ubisoft nous démontre qu’investir dans la main-d’œuvre internationale, c’est miser sur l’avenir.
Ressources pour les nouveaux arrivants dans la ville de Québec.
Ressources pour les employeurs qui souhaitent favoriser l’inclusion de personnes immigrantes.
Cette entrevue a été réalisée dans le contexte du projet Immigr’Action, à travers duquel plusieurs organismes offrent des outils et ateliers gratuits pour préparer les employeurs à accueillir et à favoriser l’inclusion des personnes immigrantes. Tous les détails ici.
Chantal Martel
Conseillère en emploi et aux entreprises
