Arrivée du sud-ouest de la France en 2020, Léana Decros est une femme dynamique, inspirante et déterminée. Son parcours d’immigration au Québec est une véritable leçon de résilience. Malgré les obstacles, elle a su se frayer un chemin jusqu’à devenir directrice générale de l’entreprise Bionaissance. Partie de son poste initial d’adjointe administrative, elle a gravi les échelons grâce à sa persévérance et sa soif d’apprendre.
Changer de pays, s’adapter à une nouvelle culture et trouver un emploi — voilà un parcours semé d’embûches pour bien des personnes immigrantes. Pourtant, certaines histoires révèlent que la persévérance et l’audace peuvent mener à de belles opportunités. Laissez-vous inspirer par le parcours de Léana, qui a su transformer les défis en tremplins pour sa carrière au Québec.
Une arrivée au Québec sur un coup de tête… ou presque
Léana Decros et son conjoint étaient à la recherche d’un emploi en France sur Indeed. En consultant le site d’offres d’emploi, ils ont découvert que beaucoup d’entreprises canadiennes recrutaient. Léana a joué un tour à son mari en postulant à sa place sur un poste au Québec, qui s’est finalement transformé en opportunité d’emploi concrète. C’est ainsi que Léana a atterri au Québec après avoir suivi son conjoint. Bien que ce départ ait été motivé par une occasion professionnelle pour son partenaire, elle n’a pas tardé à tracer son propre chemin.
« En une semaine, tout était fait. On avait déjà reçu les papiers, donc moi, je l’ai suivi. Au début, j’étais juste étudiante, donc je ne pouvais pas rester. Je suis retournée en France finir mon baccalauréat en école de commerce. Je suis revenue en septembre 2020, puis là, j’avais trouvé un employeur via les réseaux sociaux qui était à Victoriaville, une entreprise qui oeuvrait dans l’argousier, donc je faisais ça à distance depuis Québec. »
Malheureusement, la pandémie complique la situation, et son employeur doit mettre fin à son contrat. Commence alors une période de recherche d’emploi intense et semée de déceptions.
Le parcours du combattant vers l’emploi
« Pendant un mois, j’ai envoyé des centaines de candidatures sur Indeed, j’avais refait mon CV au format canadien, suivi des tutoriels, mais ça ne fonctionnait pas. » Surqualifiée pour certains postes, pas assez d’expérience pour d’autres, Léana fait face à une série de refus.
Elle postule à tout ce qui se présente, de réceptionniste à vendeuse dans le commerce de détail. Sans succès. Jusqu’à ce qu’elle tombe sur une offre de secrétariat chez Bionaissance. « J’ai passé mon entrevue et au bout de dix jours sans nouvelle, j’ai pris l’initiative de l’appeler. L’employeur m’a dit « Heureusement que tu as appelé, parce qu’on hésitait entre toi et une autre personne. Si tu ne m’avais pas appelé, on aurait peut-être donné le poste à l’autre personne. »
Un échange qui démontre l’importance cruciale de faire un suivi aux employeurs après une entrevue d’embauche!
Une intégration en mode autodidacte
L’intégration chez Bionaissance se passe vite et bien. Curieuse et débrouillarde, Léana observe, apprend et adapte rapidement ses méthodes. « Les employeurs m’ont montré une ou deux fois l’application, comment ça fonctionnait. Au bout de 2 ou 3 heures, j’étais à l’aise. Puis, j’ai écouté comment mes employeurs parlaient au téléphone, pris des notes et testé moi-même. Rapidement, j’ai commencé à proposer des idées, à remettre à jour les bureaux, à réorganiser des processus. »
Chez Bionaissance, elle est la première personne immigrante à intégrer l’équipe. Elle y découvre une culture d’entreprise différente de celle qu’elle a connue en France. « Au début, j’étais très timide parce qu’en France, ton employeur, bien c’est ton employeur! Et j’étais surprise parce qu’ici, monsieur Martel m’a offert du chocolat dès ma première journée et m’a invitée à dîner! »
Ce qui amuse particulièrement Léana, c’est de voir la perception de sa mère face à son ascension rapide au sein de l’entreprise. « Elle me dit souvent qu’en France, j’aurais mis des années à obtenir un poste de direction. Elle est impressionnée par la flexibilité et la confiance ici. Voir que je vais dîner avec mes employés et mes employeurs et qu’on se parle beaucoup. J’ai même été invitée en Floride par mon patron. Pour moi, cette proximité et cette reconnaissance professionnelle font toute la différence pour le bien-être de l’employé. On dit souvent que l’herbe est plus verte ailleurs, mais pour moi, elle est bien verte ici. »
De secrétaire à directrice : une ascension fulgurante
Initialement embauchée comme secrétaire, Léana ne tarde pas à prouver sa valeur. « Au début, j’avais postulé comme secrétaire alors je répondais aux appels téléphoniques et aux courriels et c’est tout. Puis, j’ai commencé à apprendre de nouvelles tâches, comme la comptabilité et le recrutement. Je leur disais : « montrez-moi quelque chose et je vais vous épater là-dessus ». J’avais toujours envie d’aller plus loin. » Peu à peu, elle gravit les échelons, se voyant confier de plus en plus de responsabilités.
Désormais, avec son employeur vivant en Floride, Léana gère entièrement les opérations de Bionaissance au Québec. « J’ai à cœur la compagnie, parce que c’est elle qui m’a donné l’opportunité de travailler. Je veux que mon employeur voie qu’il a eu raison de m’embaucher. » Un état d’esprit qui l’a menée loin.
Des conseils pour les nouveaux arrivants en recherche d’emploi
Forte de son expérience, Léana partage quelques conseils à celles et ceux qui, comme elle, cherchent à s’intégrer professionnellement à Québec :
- Se renseigner sur les employeurs. « J’ai cherché c’était quoi la fertilisation, c’était qui les compétiteurs, j’ai fait mes devoirs et j’étais bien préparée pour mon entrevue. »
- Diversifier ses stratégies de recherche d’emploi. « Ne pas se limiter à un seul site. Il y a beaucoup de salons d’emploi à explorer. Ici, on peut passer par LinkedIn, Facebook et Instagram pour chercher un emploi. En France, ça n’aurait jamais fonctionné, mais ici oui. Il faut enlever les barrières qu’on a et foncer. »
- Persévérer malgré les refus. « Il n’y a pas de chemin parfait. En France, pour décrocher un emploi, il faut avoir suivi un chemin précis. Ici, il y a tellement de reconversion qui se fait. Ça prend de l’initiative, de l’audace, de penser différemment, de s’adapter. Faut juste pas être négatif et s’attarder aux refus. Un refus, ça démoralise c’est sûr, mais on aura sûrement une plus belle opportunité à venir. »
- Sortir de sa zone de confort. « Si on était comptable senior dans son pays, il ne faut pas penser qu’on sera comptable senior ici à notre première année. Moi j’ai commencé comme réceptionniste, ça a duré 8 mois. Et c’était 8 mois où, déjà, j’étais dans une bonne entreprise, avec une bonne ambiance qui m’a permis de démontrer ce que je valais à l’employeur. Et puis, on a créé un poste sur mesure pour moi. »
L’histoire de Léana montre que s’intégrer professionnellement au Québec demande de l’adaptation, de la patience et une bonne dose de proactivité. Mais avec la bonne attitude, les opportunités ne manquent pas. Son parcours en est la preuve : avec de l’initiative et de la détermination, il est possible non seulement de trouver un emploi, mais aussi de construire une carrière florissante au Québec.
Ressources pour les nouveaux arrivants dans la ville de Québec.
Ressources pour les employeurs qui souhaitent favoriser l’inclusion de personnes immigrantes.
Cette entrevue a été réalisée dans le contexte du projet Immigr’Action, à travers duquel plusieurs organismes offrent des outils et ateliers gratuits pour préparer les employeurs à accueillir et à favoriser l’inclusion des personnes immigrantes. Tous les détails ici.
Chantal Martel
Conseillère en emploi et aux entreprises